Intermittents du spectacle, pourquoi ?
Qui sont-ils ?
Etre “intermittent du spectacle” n’est ni un métier ni un statut. C’est un régime d’indemnisation-chômage spécifique, créé en 1936.
Un tiers des salariés du secteur ne sont pas intermittents mais travaillent dans le cadre du régime général, en CDI ou en CDD.
Les intermittents du spectacle sont des travailleurs, artistiques, techniques et administratifs.
Leur travail est discontinu.
Comme celui des gens travaillant sous cdd, les intérimaires, les stagiaires, les chômeurs.
En réalité, la plupart des intermittents travaillent constamment, seul leurs temps de salariat sont discontinus :
1) soit, pour la très grande majorité d’entre eux, parce qu’une importante partie de leur travail est souterraine : une danseuse s’entraîne quotidiennement, sans être payée, un comédien travaille son texte chez lui, sans être payé, un metteur en scène réfléchit, travaille, cherche, depuis des années, en permanence, à une création qui verra le jour ultérieurement
2) soit, parce qu’ils travaillent dans certaines des entreprises audiovisuelles ou ‘événementielles’ qui auraient les moyens de les payer normalement pour la vraie durée du travail, mais qui ‘abusent’ des modalités spécifiques d’indemnisation des intermittents
3) soit, parce qu’ils travaillent pour des associations peu argentées qui n’ont pas les moyens de payer chaque jour travaillé et qui utilisent elles aussi ces modalités spécifiques d’indemnisation des intermittents. C’est le cas de la plupart des compagnies artistiques ainsi que d’un certain nombre de théâtres reconnus et soutenus par les pouvoirs publics, en toute connaissance de cause, pour la qualité de leur travail, leur indépendance et leur faible coût. Ces structures ne peuvent devenir des institutions publiques sans perdre leur raison d’être c’est à dire leur particularité et leur indépendance qui font leur valeur.
Les intermittents du spectacle, sauf quelques stars, ont des revenus (salaire+indemnités) modérés, ou faibles.
La moitié d’entre eux (comme la moitié des chômeurs) ne bénéficient pas d’indemnisation et ce chiffre va croissant.
A quoi servent les ‘intermittents’ du spectacle ?
A trois choses :
1) les ‘intermittents’ servent à faire vivre plusieurs pans de l’économie nationale qui sinon s’écrouleraient (tous les théâtres et les cinémas, des orchestres, les parcs d’attractions, voire la télévision) ou qui seraient mis en difficulté (tout le secteur touristique et commercial qui bénéficie grassement des activités culturelles et, notamment, festivalières). Sur cette question économique, les chiffres avancés par les détracteurs des intermittents, pour faire valoir que les intermittents sont couteux, parasitaires et privilégiés, sont des chiffres insultants pour l’intelligence des citoyens et intentionnellement présentés de manière à tromper l’opinion publique.
2) les ‘intermittents’ servent comme d’autres artistes non intermittents (plasticiens par exemple) à essayer de rendre accessible une denrée (l’art) qui n’est pas un luxe de nantis, ni d’intellectuels, mais qui est consciemment ou non absolument essentiel à la vie de toutes les femmes et de tous les hommes, comme c’est le cas depuis la nuit de Lascaux.
3) les ‘intermittents’ servent à être un laboratoire très utile pour élaborer le mode de gestion du travail et du chômage que l’évolution de la société rendra bientôt obligatoirement accessible à tous les travailleurs, dans tous les secteurs économiques.
en 2003 : https://www.ouest-france.fr/intermittents-du-spectacle-retour-sur-la-fronde-de-2003-en-images-1928350